Les 5 ingrédients qui sécurisent un écovillage.

Les 5 ingrédients qui sécurisent un écovillage.

Bonjour !

Vous connaissez sans doute la terrible statistique, elle nous est rapportée par Diana Leafe Christian dans son livre Vivre autrement (cf. page Ressources) : 90 % des groupes souhaitant créer un écovillage ne prennent jamais leur envol. Par la suite, de ces 10% qui arrivent à poser la première pierre de leur projet, il en a encore très peu qui arrive à perdurer au-delà des 5 ans.

Je vais donc vous présenter dans cet article, 5 choses à mettre en place et qui sécurisent la pérennité de l’écovillage.

Tout au long de l’article, le terme écovillage pourra aussi bien être remplacé par écolieu, collectif ou habitat groupé.

Voici les 5 ingrédients :

  1. une mission et une raison d’être clairement définies
  2. une méthode de discussion/prise de décision
  3. des règles d’entrée, de sorties et d’exclusion des membres
  4. des temps pour nourrir les relations interpersonnelles
  5. une méthode de gestion des conflits

Il existe aussi quelques autres ingrédients, pas indispensables à mes yeux, mais qui peuvent améliorer le devenir de l’écovillage, à savoir :

  1. une charte éthique
  2. avoir un ou plusieurs membres formés à la CNV ou à la facilitation ou à la permaculture humaine
  3. une égalité de statut vis-à-vis de la propriété foncière
  4. le développement d’une activité économique collective
  5. avoir réaliser un design permacole de l’écovillage
  6. un savoir-faire dans la gestion des émotions

1er ingrédient : une mission et une raison d’être clairement définies

La mission, c’est ce que va faire l’écovillage pour servir le monde. Elle peut aussi bien être au service de l’extérieur qu’au service exclusif des membres de l’écovillage.

Imaginez que vous avez envie d’aller au Mexique. Vous êtes au port sur l’embarcadère de départ pour les Amériques, un bateau s’apprête à partir, vous montez dedans. A bord vous discutez avec d’autres passagers et l’un vous dit qu’il doit se rendre en Inde, tandis qu’un autre vous dit qu’il est ici pour suivre les baleines. Un autre passager vous annonce qu’il part en Islande et un autre vous confie qu’il s’est engagé sur ce bateau pour être pirate ! Vous décidez d’aller voir le capitaine et vous lui demandez le plan de navigation. Il vous répond : “et bien maintenant qu’on est tous à bord, chacun va me dire pourquoi il est là et ce qu’il veut, et on essaiera d’organiser le voyage…”.

Vous comprenez bien maintenant, que si chacun possède une mission différente, faire la route ensemble ne va pas être aisé…

La mission, c’est ce qui permet à tous les membres de l’écovillage d’aller dans le même sens.

Quant à la raison d’être, c’est ce qui explique le pourquoi : les raisons qui font que le groupe a choisi telle ou telle mission.

2. Méthodes de discussion et de prise de décision

Discuter et décider, c’est le nerf du fonctionnement d’une organisation. La mission indique le but global et éventuellement la stratégie, mais dans le quotidien, le groupe a besoin de se pencher sur de nombreux sujets pour gérer et faire avancer le projet.

S’accorder sur une méthode de discussion et de prise de décision, c’est s’assurer de ne pas gaspiller temps et énergie en réunion.

Une méthode de discussion structurée permettra de :

  1. transmettre des informations ;
  2. partager son point de vue et de s’enrichir de celui des autres ;
  3. permettre la créativité pour trouver des idées ou des solutions ;
  4. un meilleur accueil pour chacun des différences de point de vue ;
  5. d’en ressortir grandi et motivé.

La méthode de décision doit permettre d’aboutir à des décisions motivantes, car a contrario, prendre des décisions qui n’emballent pas, c’est s’accrocher des boulets aux pieds et ça augmente les tensions.

Il existe plein de méthodes, les plus connues sont le consentement, le consensus, le bâton de parole… Chaque groupe aura intérêt à tester plusieurs méthodes. Bien souvent, les méthodes évoluent dans le temps, au fur et à mesure que le groupe gagne en maturité.

3. Règles d’entrée, de sortie et d’exclusion des membres

Sans ces règles, on prend le risque de :

  • faire entrer n’importe quel nouveau membre sans l’aval de tous les membres actuels ;
  • ne pas savoir comment faire pour exclure un membre qui pose un grave problème ;
  • ne pas savoir comment rembourser ou dédommager un membre sortant qui a investi de l’énergie (temps, argent, biens matériels)

Et tout cela peut mener au conflit. C’est ce qui arrive très souvent (voire tout le temps) aux collectifs qui oublient de prévoir le pire…

4. Nourrir les relations interpersonnelles

Juste avant d’aborder ce sujet, je vous fais remarquer que j’ai placer ce point avant celui de la gestion de conflits, c’est qu’il y a une suite logique dans tout ça !

Afin d’éviter les conflits, il est d’usage de dire les choses, de ne pas les cacher sous le tapis. Une petite remarque anodine de quelqu’un ou un petit geste déplacé d’un autre, s’ils ne sont pas exprimés rapidement à qui de droit, peuvent devenir un poison qui s’accumule lentement mais sûrement… et un beau jour : ça éclate !

Pour éviter cela, je vous conseille d’établir des temps cadrés et planifiés pour se dire les choses, en tête à tête, ou au groupe entier. C’est une manière de nourrir les relations qu’on a avec les autres. Ces temps peuvent permettre d’exprimer aussi bien ce qui remplit le cœur de joie que ce qui plombe le moral.

Lors de ces temps d’échanges, l’écoute et la bienveillance supporteront la mise en place d’un cadre sécurisé et sécurisant, qui favorise la parole juste. Ce sera le moment opportun pour dire à l’autre ce qui vous plaît dans la relation ou ce qui vous plombe.

Des formats existent, tels que le cercle de dons ou le blabla.

5. Méthodes de gestion des conflits

N’attendez pas que le conflit soit bien envenimé avant de vous posez la question pour savoir comment le régler. Ce sera trop tard et le préjudice ne pourra plus être évité.

Les règles de gestion du conflit peuvent prévoir par exemple :

  • la tenue de cercle de restauration dès qu’une tension conflictuelle pointe le bout de son nez ;
  • de faire appel à un tierce personne au sein du collectif pour faciliter la communication ;
  • de faire appel à un médiateur professionnel en cas de gros désaccord ;
  • d’exclure un membre s’il ne souhaite pas résoudre le conflit et que la situation pourrit encore et toujours…

Je ne serai pas hypocrite en souhaitant à tous les collectifs de ne jamais vivre de gros conflit… car le conflit fait partie de notre vie d’être humain blessé. Notre inconscient nous y entraîne pour nous mettre le nez face à nos peurs et nos contradictions.

Ce que je souhaite à ceux qui vivront un conflit, c’est d’en ressortir grandi, tout simplement.

 

J’espère que ces informations pourront vous aider dans votre chemin 🙂

 

Je vous souhaite de belles aventures humaines.

 

Nicolas (Moilamain)

 

 

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